Dans l’une des petites clairières du Bois de Vincennes, 2 collectifs avaient monté un petit bar éphémère, et un espace abrité pour mixer. Dans les herbes hautes, il y avait une petite centaine de personnes qui pique-niquaient. Des petites filles jouaient avec des cerceaux, une mère présentait son bébé de pas plus de trois mois à ses amis, d’autres dansaient leurs verres à la main. C’était un de ces après-midi un peu confidentielles pour lesquelles seuls les habitués recevaient un email pour leur dire où aurait lieu l’événement. de 14 heures jusqu’au moment où la police, alertée par la musique électro après minuit, demanderait aux gens de partir.
Brad et moi nous étions embrassés dans le petit chemin boisé qui menait à la clairière, comme si nous savions à l’avance que nous allions être séparés. Effectivement, cela se passa rapidement. Les bonjours furent multiples et divers. Nous connaissions chacun une vingtaime de personnes, et pas forcément les mêmes. Comprenez par là que nous n’étions pas gênés d’être vus ensemble, mais quand plusieurs personnes vous halpaguent, ou vous font de grands signes pour recevoir un bisou accompagné d’un hug, il n’est pas facile de résister et d’attendre que l’autre ait fini de raconter les dernières nouvelles.
Mais il ne s’agissait pas d’un festival, il n’y avait pas une foule insondable, donc d’un simple regard, nous nous étions lâchés d’un commun sourire. Les présentations officielles viendraient bien assez tôt.
Malgré tout les gens ne furent pas dupes. Je ne sais pas ce qu’il en fut de son côté mais du bien, l’on me fit vite remarquer que je n’étais pas venu seul.
– C’est qui le beau gosse, avec toi ? Le nouveau ?
– Euh… Oui, je crois bien…
– Mais c’est génial, il est super beau !
En alternance avec :
– Hey, mais tu connais Brad ?
– Oui, un peu.
-Il est cool, je vais lui dire bonjour, je l’ai pas vu depuis un moment.
Le choix était validé et les réactions étaient positives et encourageantes. Les heures suivantes se passèrent tout aussi bien, nous rejoignant, nous éloignant, nous présentant et nous échauffant la gorge avec de l’alcool. Quand finalement vinrent les premières gouttes de pluie, les familles commencèrent à partir, l’obscurité se mit à nous encercler, les habitués plus fêtards que pique-nique commencèrent à arriver. Brad et moi nous abritâmes sous mon parapluie, et nous étions à nouveau captivés par nos yeux et nos visages, si proches. Nous tâchâmes de discuter, mais cela ne servait à rien, nous avions juste envie de nous jeter l’un sur l’autre comme tous ces jeunes couples qui ne se soucient de rien et n’ont qu’une seule envie : mélanger leurs ADN dans une soupe buccale (PS : mélanger les salives en vous embrassant est bon contre les caries, j’ai lu un article, un jour, qui en parlait). Et puis la pluie s’arrêté, et la clairière était dans le noir. Et nous étions bourrés aussi. Alors la nuit ne fut plus que bêtises d’enfants, à danser l’un contre l’autre, nous allonger dans l’herbe mouillée pour nous embrasser encore plus. A un moment, nous avons même décidé de jouer à la bagarre pour savoir qui était le plus fort, mais il n’y eut pas de vrai gagnant (enfin moi bien sûr), puisque cela dérapa un peu en bisous dans le cou et en rires. Le temps n’avait plus d’emprise sur nous et il devait déjà être une heure ou deux de la nuit. Autour de nous les gens continuaient à danser, et à boire et à rire…
Pour répondre à la question qui pourrait vous venir suite au billet d’hier, il ne m’avait pas demandé plus d’informations sur le nom de « Brad ». Cela semblait s’être oublié dans nos retrouvailles.
Pour répondre à l’autre question, je n’avais pas recontacté JR. J’avais bien pensé lui envoyer un message d’excuse et lui proposer de discuter et tout, mais sans doute par crainte, j’avais remis ce message à plus tard. En écrivant, maintenant, je me rends compte que j’étais cruel, bien que je me persuadât sur le moment que je rattrapperais la situation sans faute.
Vers trois heures ou quatre heures, Brad m’annonça qu’il était fatigué. Dix minutes plus tard, sans dire au revoir aux amis que nous ne pouvions pas reconnaître dans cette masse sombre de gens qui continuait à danser sans éclairage, nous étions dans le uber qui nous ramena chez lui.
Nos vêtements étaient couverts d’herbe et de terre et nous éclatâmes de rire en nous voyant dans le miroir qui faisait face à sa porte d’entrée. Alors il annonça qu’il allait prendre une douche, puis me proposa de l’acccompagner pour économiser de l’eau.
Pour la suite, je ne vous fais pas de dessins…
Ça va, ce n’était pas le premier soir, l’honneur est sauf.
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