Je crois que ce qui m’ennuie, m’énerve, m’irrite, me désole et me détruit (pas de mention inutile à rayer), c’est que j’ai toujours cru que je pourrais défier éternellement le burn-out.
Oh, orgueil et préjugés…
Cela faisait pourtant des années que je me riais de ce danger, tel Peter Pan faisant la grimace au Capitiane Crochet : double cursus universitaire, puis travail à temps plein en parallèle de mes études… Puis plus tard, les nuit d’hôtel alors que j’étais prof, pour pouvoir continuer de payer mon loyer lorsque ma coloc m’avait laissé du jour au lendemain (les torts ne pouvant lui incomber complètement).
Ces dernières années, le rythme était devenu encore pire : temps complet en bureau + nuits d’hôtel + week end à Paris pendant plusieurs mois d’affilée…
Mais à ce moment là, j’étais porté par mes sentiments et j’avais la force de tout braver…
Puis le retour à Paris, les heures supplémentaires et la teuf pour oublier le vide qui m’envahissait après Franck.
J’avais déjà tiré sur la sonnette d’alarme à ce moment là. Conscient que je devais vite trouver une solution. Mais un concours de circonstances avait juste transformé mon voyage en Thaïlande en avalanche émotionnelle.
Je rentrai en devant travailler au maximum pour me remettre à flot, bossant 12 heures par nuit, 7 nuit sur 7 pendant 2 mois sans interruption, réussissant malgré tout à trouver un rythme qui me permit de garder la tête claire.
Et puis quand je fus enfin hors de l’eau, je compris qu’il était temps de penser à moi et d’enfin me reposer. Travaillant le minimum pour avoir juste de quoi vivre. Glorieux mois…
J’avais enfin le temps de lire, de regarder des classiques du cinéma, d’aller au sport tous les jours… Je me créai une hygiène de vie saine, de fruits et de légumes, de temps de transports réduits, et d’écriture.
Et puis c’est à ce moment là que j’ai enfin pris conscience que j’étais inapte aux relations de couple (cf le Cycle de Brad).
De la même façon, j’étais écartelé entre plusieurs envies. D’un côté, je savais que j’avais des aptitudes qui pourraient me permettre de postuler à un travail possiblement épanouissant, et de l’autre, j’avais commencé à aimer cette vie simple et saine, même si je sentais bien que je devrais donner une direction me permettant de garder la première option toujours possible, au cas où.
Amsterdam devait me donner la possibilité de pouvoir tenter l’un comme l’autre. Je n’allais pas me presser et soit prendre un travail à la fois stimulant et payé correctement, ou bien prendre un travail simple, me permettant d’enfin apprendre à parler correctement le néerlandais pour ajouter une corde utile professionnellement à mon arc. J’allais de toute façon continuer à garder la vie la plus saine possible, et continuer d’écrire…
LOL. C’te bonne blague !
Les premiers mois, j’emménageai chez Mitch mon ex de 5 ans plus tôt, dans son grand T2 hyper central où il m’avait proposé de m’héberger. J’avais déjà vécu quelques mois chez lui, mais j’espérai poser de bonnes bases pour que la cohabitation ne soit pas aussi malsaine qu’elle l’avait été par le passé. Ce fut là ma première erreur.
Mitch, malgré sa générosité, était encore un enfant détruit dans un corps d’adulte. Incapable de ranger quoi que ce soit, collectionnant les Transformers (plusieurs centaines de robots de toutes les tailles achetées à prix d’or) et les figurines de Wolverine, refusant obstinément de dormir jusqu’à ce qu’il tombe littéralement sous le coup de fatigue extrême, tout en enchainant joints, speed, café et cigarettes « pour se détendre ».
Le véritable manque de chance fut qu’à ce même moment, sa meilleure amie, qui habitait loin et qu’il ne voyait quasiment plus depuis des années vint vivre à Amsterdam et finit par lui signifier qu’elle n’avait plus grand chose à lui dire et qu’il serait peut-être meilleur d’enterrer cette amitié 15 ans plus tôt, comme on enterre un lointain souvenir. Sa névrose d’abandon en prit un sacré coup, et je décidai de faire attention à lui et de lui montrer que je n’allais pas faire de même…
Mais les stimulants, le déficit de sommeil, et ce sentiment de rejet le rendirent agressif et multiplièrent sa possessivité. Les quelques fois où je sortis, j’eus droit à des crises parfois violentes, pas contre moi, mais contre son mobilier, comme cette fois où il jeta mon matelas depuis l’espace qui me servait de chambre dans l’entré, en me disant qu’il savait que je me servais de lui et que j’étais un connard comme son ex-amie. un matin, alors que j’étais parti faire quelques courses au supermarché, il se réveilla, et ne me trouvant pas, il m’envoya des messages incendiaires, croyant que je faisais semblant d’aller acheter des légunes pour l’éviter. Ce qui n’était pas totalement faux, surtout après qu’il ait fini par me confesser qu’il était toujours amoureux de moi.
J’avais envie de déguerpir, mais quiconque a déjà essayé de trouver un appartement ou juste une chambre à Amsterdam ces trois dernières années sait que le marché est saturé et que c’est quasiment Mission : Impossible.
J’étais grave dans la merde…
Parallèlement se jouait un second drame…
(la suite vendredi)