Tu sais, lecteur/lectrice, parfois, je me demande qui je suis. Tous ces projets, rêvés ou annoncés, depuis autant d’années, que sont-ils devenus? Où sont-ils partis? Gulia racontait à mes adelphes les destinations qui l’attendaient, mais déjà, je ne les écoutais plus. Je me revoyais, trois ans plus tôt, annoncer à des amis que cette fois, c’était la bonne : j’allais économiser pour aller partir vivre en Amérique du sud. Encore quelques années plus tôt, j’avais dit à mon frère que mon but dans la vie était de profiter de la zone de libre-échange européenne pour tenter de vvre au moins un an dans chaque pays pour apprendre les langues plus rapidement. Et mon premier passeport reçu, à 23 ans, combien de tampons allais-je collecter ? Aurait-il assez de pages ?
Lorsque je fis changer mon passeport, je n’avais eu qu’un seul tampon.
Les souvenirs des rêves non-vécus allaient-ils donc devenir le linceul de ma jeunesse ?
Mon frère me sortit de ma torpeur, il fallait dîner puis aller à la Rave pour le Climat. La veille, en effet, il y avait eu la marche mondiale pour le climat dans de nombreuses vlles à travers le monde, et a Bonn egalement (Bon, à Pari, on n »a pas fat grand chose ce jour-là, mai je crois que c’est parce qu’on avait déjà organisé une marche deux mois plus tôt (c’est bien ça, hein ?), (et puis bon, nous les Français on n’est pas du genre à se mettre en grève toutes les semaines lorsque des causes nous paraissent importantes)(ces jusifications n’ont pas vraiment convaincu mon frère qui aime à parader sur le cheval de la vertu écolo)(alors qu’il met le chauffage –il fait que 18C j’ai froid– en laissant la fenêtre ouverte –aérer c’est important pour la santé).
Bref, à 21 heures, nous étions sur la grande pelouse Hofgarten entre le bâtiment principal de l’université et le musée d’art académique. La nuit venait de tomber, et laissant un espace de 10 mètres face à la scène, une vingtaine de jeunes remuaient langoureusement avec plus ou moins le sens du rythme. Mon frère commença à se faire boudeur et posa son sac encore 10 mètres plus loin.SI tut le monde agissait de la sorte, on allait en effet bien s’emmerder à cette petite rae de 21h à minuit (lol la rave party). Alors je me tournai vers lui
– Je me mets vers l’avant. Tant qu’à être là, autant jouer le jeu !
Giulia me suivit en sautillant, et mon frère attendit quelques minutes aveant de s’approcher du reste des gens (mais pas trop quand même).
Giulia sauva ma soirée. Pleine d’entrain et de bonne humeur, elle se fichait clairement de ce que les gens autour d’elle pouvait penser. Même lorsque la police vint pour demander aux organisateurs de baisser la musique (alors que clairement, c’était déjà pas violent), et que mon frère fit une moue excédée, Giulia et moi nous avançâmes tout contre la scène sans nous arrêter de danser. Parfois, je me demande ce que mon frère pense de moi. J’ai beau lui dire que je suis déprimé ou que je ne vais pas bien, je donne toujours l’impresion d’être fonctionnel. Je range ma détresse dans un placard à l’intérieur de moi-même et je donne le change dès que je suis en présence de quelqu’un. Pour lui qui se sent toujours attaqué par le monde extérieur et qui a besoin de le montrer, je dois être une fraude, un usurpateur. Cela ne me choque pas vraiment. Dans le même genre, Mitche est agressif quand je vais bien, et tout à fait adorable et compatissant si je dis que je ne vais pas bien..
La soirée finit malgré tout dans de francs éclats de rire lorsque suite à un échange de sacs à dos entre lui et moi, mon frère se rendit compte alors que nouspédalions vers chez lui, que son haut-parleur bluetooth était dans mon sac. Il s’improvisa ainsi DJ de mariage ringard en passant au volume maximum I will Survive, puis laMacarena, pus les Spice Girls. Les piétons se retournaient sur mon passage, les groupes de jeunes et les saoûlards aussi, me lançant des trucs en allemand sans que je ne comprenne quoi que ce fut. Maglré quelques premières minutes d’embarras, je decidai de owner le moment en chantant à tue-tête, et en faisant la choré de la macarena a une main. Quitte a être ridicule, autant l’assumer pleinement. Lorsqu’enfin il passa sur Torn de Natalie Imbruglia, je pris ma plus belle voix et chantai avec sérieux. si sérieusement qu’en arrivant devant la maison, je finis le couplet et mon frère ne trouvait plus sa blague drôle du tout. Giulia, elle, était repartie de son côté à la fin de la rave, une demie-heure plus tôt.

Le lendemain, je partis un peu plus tôt que prévu, fatigué par l’apathie de mon frère pour toute activité, non sans avoir fait un détour par la maison de jeunesse de Beethoven (un peu cher pour pas grand chose à voir). Nous nous quittâmes devant la gare de Bonn, et une heure plus tard, je m’engouffrai dans le Musée Ludwig de Cologne, avec sa collection impressionnante de Picasso, ses belles salles Pop-Art, et la qualité des textes explicatifs à l’entrée de ses salles. Etait-ce là ce qu’il manquait à ma vie ? Avais-je donc besoin à ce point de stimuli visuels ou cuturels pour me sentir bien ? Pour me sentir vivre ?
