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14 – Sur les traces de la Gorgone

Escrivaillon 0

Il était environ 15 heures quand nous sortîmes de Hagia Sofia et le temps était superbe. Giulia me dit encore une fois de la suivre. nous fîmes le tour de l’ancienne basilique et nous entrâmes, toujours dans le complexe de Sainte- Sophie, dans des annexes construites pour accueillir les tombes de cinq sultans. Des ajouts, plutôt simples de l’extérieur dont les panneaux à l’entrée vantaient la richesse intérieur des dômes, et des éléments de calligraphie à l’intérieur. Effectivement, la langue arabe écrite en arabesque était magnifique démontrait d’une grande maîtrise, même si ni Giulia ni moi n’avions d’idée de ce que cela pouvait signifier. Au final, le plus émouvant, c’était autour des tombes des Sultans, toutes les autres petites tombes des enfants qui n’avaient pas vécu longtemps.

« C’est un peu fou, finalement… On passe notre temps à travailler pour acheter des conneries, on se plaint de tout, et au final, en un claquement de doigt, il ne reste rien. Toute cette pression pour travailler à l’école, trouver un travail, monter les échelons… Finalement, est-ce ce qui compte le plus ? »

Giulia venait de prononcer ces mots que j’aurais pu moi-même dire.

Elle avait vécu presque toute sa vie à Rome, dans une famille de travailleurs qui ne souhaitaient que le meilleur pour elle. Ses parents croyaient en Dieu, en l’église, et dans l’ascenseur social. Et après tout, ils n’avaient pas eu tort. Malgré son aversion pour l’école et pour toute forme d’autorité « me hanno fatto cagare… All of them », elle avait eu une scolarité solide et avait étudié pour devenir assistante juridique, et sa mère avait fait tout un flan lorsqu’elle avait eu son premer contrat de travail.  » Je la comprenais, elle était heureuse, mais elle voulait une vie lisse pour moi, et ça ne me convenait pas. Alors 3 ans plus tard, je me suis barrée à Milan, soit disant pour une jolie pportunité professionnelle, mais en réalité, je n’en pouvais plus des déjeuners hebdomadaires où on finissait par regarder Domenica In. Je suis revenue après deux ans. Milan me déprimait. Et puis l’an dernier, j’ai eu l’impression d’ouvrir les yeux et j’ai décidé de partir à l’aventure. Ça a été de grandes scènes de larmes » m’expliqua-t-elle avec un sourire un peu triste. « Mais je ne regrette rien ».

Elle m’avait expliqué tout cela lors de notre première rencontre, à Bonn. Et malgré des histoires et des cultures différentes, nous étions arrivé.e.s aux mêmes conclusions. Était-ce-là un nouveau courant existenciel qui touchait les moins de 35 ans ? Un sentiment de vacuité de l’ordre établi dans lequel nous n’étions que de la chair à capital ? Je me posais sincèrement la question…

Alors que nous regardions les lignes aériennes peintes en haut des dômes, Giulia me pria suitement de sortir. « Viens, allons nous-en ». Elle était blessée de voir une touriste faire poser ses enfants dans une alcôve du tombeau dans lequel nous étions (Mehmet III ? Selim II ? Je ne me souviens plus exactement…) ppour les prendre en photo en leur disant de sourire et de faire un « V » avec les doigts. Giulia était particulièrement irritée.

« Les gens n’ont plus aucun respect. C’est un tombeau, quoi, merde, elle les voit les sarcophages, fuck… ».

Giulia me confia qu’elle était anti-réeuax sociaux. C’est à ce moment-là également que je remarquai également qu’elle ne prenait aucune photo.

« Les souvenirs sont faits pur être dans le coeur. Pas dans des albums papier ou virtuels qui ne sont ouverts qu’une fois tous les 4 ans, presque par erreur… »

En voyant mon air un peu penaud, j’imagine, elle m’indiqua en riant que je pouvais prendre toutes lees photos que je souhaitais. Elle avait ses principes à elle, elle n’obligeait personn à y souscrire. « Juste, je n’aime pas être prise en photo. Mais si tu veux, je pourrai te photographier avec ton portable…

La visite des tombes fut vite terminée et nous repartîmes en directon de l’entrée principale de Sainte Sophie. Mais cette fois, nous la dépassâmes et nous traversâmes la rue. Vingt mètres plus loin se trouvait l’entrée de la Citerne Basilique.

Malgré nos cartes pour les musées, nous dûmes payer l’entrée 20 liras, soit environ 3€. Par chance, il n’y avait presque personne, et en cnq minutes, nous descendions les marches inégales poour descendre au fond de ce réservoir gigantesque construi au 6è siècle. En effet, pour être sûr de ne pas manquer d’eau les mois d’été, il avait été vital de faire construire ces citernes enterées, collectant et gardant les eaux des pluies des mois humides. Une fois en bas, nous suivîmes le pont de bois nous promennt au milieu des colonnes de 8 mètres de haut, éclairées faiblement par des lumières oranges. Les quelques personnes présentes chuchottaient, de la même façon que l’on murmure dans les grottes ou les églises, par peur d’être attaqué.e par sa propre voix…

Mon télephone Wawé n’est pas bon, donnez moi des sous pour un meilleur appareil !

Dans ma tête j’imaginais la barque de Charon accoster sans bruit à mes côtés, tendant la main pour recevoir l’argent du passage, mais soudan, ce fut une autre créature de ces temps oubliés qui m’accueillit. Sur un panneau fléché pouvait-on lire : « Tête de la Méduse »Est-ce que Méduse avait en fait vécu dans ce qui deviendrait ensuite Constantinople ? Suivais-je donc les pas de Persée ? Après tout, ces colonnes et cet endroit fantastique faisaient penser aussi au film le Choc des Titans. Mais cet endroit avait été construit bien après le temps des légendes…

Un peu plus loin, un panneau informatif expliqua cependant que pour la construction, des blocs venant d’autres édifices obsolètes furent utilisés. Et si il était courant de placer des blocs représentant des dieux ou symboles protecteurs, nul ne savait pourquoi avaient été utilisés, pour deux colonnes au fond de la citerne, des têtes de Méduse, ni pourquoi elles avaient été placées sur le côté et retournées. Pour les empêcher d’être maudites comme la jeune femme de la mythologie peut-être ?

Tête de Méduse

Nous n’avions presque pas échappé un mot et nous refîmes chemin arrière, vers la sortie.

Une fois à l’air libre, sous le ciel bleu, Giulia regarda sa montre. On avait encore le temps de visiter la Mosquée Bleue aujourd’hui…

“Athena’s jealousy made a monster of fair Medusa.
I often wonder what beauty my own demons have destroyed.”

Nichole McElhaney, Poetry For Celestial Nymphs and Wayward Witches